
Courchevel 1850 n’est plus à un record près. Ces dernières semaines, ce village de la célèbre station de ski, ultra courtisé par les milliardaires français et étrangers, a été le témoin d’une promesse de vente. Selon nos sources, Stéphane Courbit – pape de la télé-réalité, également présent dans l’hôtellerie de luxe avec Les Airelles – a jeté son dévolu sur le chalet Lalisar, rue de la Vizelle. Une bâtisse historique discrètement mise sur le marché par le groupe Vallat, pour le compte de Kathy Mansour Ojjeh – veuve Mansour Ojjeh, décédé en 2021 à l’âge de 68 ans. La famille de l’homme d’affaires franco-saoudien est une habituée des toits enneigés de cette localité savoyarde : elle y a pris ses quartiers généraux dans les années 1960, en séjournant au Zénith-Belvédère à Courchevel Moriond, avant de se faire construire plusieurs chalets au début des années 1990. « Pendant des années, Mansour Ojjeh, Martin Bouygues, Jean-Jack Bertrand et Éric Claret-Tournier étaient considérés comme les barons de la station », relate un habitué de Courchevel.
Un projet d’un second chalet de 2 625 mètres carrés
Justifiant d’un grand parc privé et d’un emplacement hyper prime – ski in/ski out (ou "skis aux pieds") dans le quartier du Jardin Alpin –, le chalet Lalisar se déploie sur 2 230 mètres carrés, incluant neuf suites, huit chambres d’hôtes, une piscine de 20 mètres de long, des salles de jeux et de sport, un spa, mais également des caves et divers édifices annexes (261 m2), des terrasses (260 m2), ainsi qu'un parking souterrain de plus de 320 mètres carrés. Cette bâtisse présente une surface additionnelle potentielle basée sur l’étude de capacité conforme au plan d’urbanisme local de 350 mètres carrés (un spa derrière l’actuel et une extension des terrasses pour agrandir l’espace de vie). Mais là n’est pas le seul argument qui a sans nul doute séduit Stéphane Courbit… Selon nos informations, cette parcelle avec son chalet existant offre une opportunité de développement, permettant « une pleine utilisation du terrain et la création d'une propriété unique et exclusive » sur près de 5 000 mètres carrés. Autrement dit, un second chalet de 2 625 mètres carrés (hors sous-sol de 1 200 m2) pourrait voir le jour. Dans un info mémo consulté par CFNEWS IMMO, il est fait mention des coûts de rénovation et de construction. Dans ce document, il est indiqué qu’il faut compter près de 3 000 €/m2 pour rafraîchir la propriété existante (6,6 M€), environ 10 000 €/m2 pour une extension à la construction actuelle (3,5 M€) et un ticket de 28,6 M€ (≈ 11 000 €/m2) pour faire sortir de terre un chalet.
Un ticket de 135 M€
Pour s’emparer de ce chalet dans son jus et son emprise foncière à Courchevel 1850 – sans le projet présenté aux investisseurs par le groupe Vallat –, Stéphane Courbit va débourser peu ou prou 135 M€, soit 60 500 €/m2. De sources concordantes, le cédant en souhaitait pourtant une enveloppe de 150 M€. « Si ce process est bien réitéré en juillet prochain, il s’agira d’un nouveau record dans le real estate haut de gamme et de luxe dans la station savoyarde », stipule un broker local. La précédente vente record remonte à 2023, avec les chalets Edelweiss et Les Gentianes. Reliés par un sous-sol et totalisant 2 800 mètres carrés, ces deux édifices ont été cédés par le britannique Christian Levett, fondateur du fonds spéculatif Clive Capital, à Eduardo Saverin. Si l’ex-trader espérait récupérer un ticket de 110 M€ sur ces deux actifs résidentiels luxueux, il a finalement fait affaire pour 87,3 M€ avec l’homme d’affaires basé à Singapour la tête du fonds de capital-risque B Capital Group – Eduardo Saverin étant surtout connu par le grand public pour être l’un des cofondateurs de Facebook. Avant les ventes d’Edelweiss et Les Gentianes, le précédent exploit remontait à 2019, avec le rachat du chalet La Bergerie par l’oligarque ukrainien Rinat Akhmetov au russe Vitaly Malkin pour 77 M€.
Un homme d’affaires très présent dans la sacro-saint Jardin Alpin
De sources concordantes, une fois le chalet Lalisar repris à la famille Ojjeh, Stéphane Courbit a l’intention de le transformer en hôtel aux codes haut de gamme. Le milliardaire français – à la tête de LOV Group – n’est pas un illustre inconnu à Courchevel 1850 : en 2007, il rachète Les Airelles contre 85 M€, avant de transformer cet hôtel à l’architecture austro-hongroise traditionnelle en palace de 44 chambres et suites qui domine le Jardin Alpin, moyennant une enveloppe de capex d’environ 50 M€. Dix-huit ans plus tard, Stéphane Courbit possède plus d’une dizaine d’opus hôteliers, dont Les Airelles à Val d’Isère, Gordes, Saint-Tropez, au Château de Versailles et bientôt à Venise. Dans le périmètre de la station de ski savoyarde, l’homme d’affaires s’est constitué une importante collection immobilière : outre son palace, il détient le chalet Ormello, la Folie Douce à Méribel-Courchevel, le restaurant le Chalet de Pierre (repris à la famille Saxe en 2010 contre plus de 17 M€), et trois chalets (6198 m2) dans le sacro-saint Jardin Alpin pour lesquels il a été condamné, avec deux de ses sociétés, à des amendes totalisant 4,5 M€, pour la construction irrégulière d’un « hébergement hôtelier ».
L'épineux dossier de l’ex-Mercure
En vain, depuis une décennie, toujours dans le quartier huppé du Jardin Alpin, le fondateur de Banijay Entertainment tente de mettre la main sur l’ex-Mercure, un établissement au fort potentiel lové au pied d’un lac. Selon L’Informé, Stéphane Courbit – qui s’est brouillé avec les copropriétaires de l’établissement aux 127 clés – refuse de céder le bar-restaurant qu’il y détient (il possède également une chambre et un appartement de fonction) à Kerzner. Le magnat sud-africain Sol Kerzner a proposé 165 M€ pour devenir propriétaire de l’actif, au travers d’une promesse de vente qui court jusqu’en octobre 2026. De là à faire capoter cette transaction ? « Si Courbit parvient à bloquer la vente à Kerzner, alors les copropriétaires ne remettront pas en vente les murs, les mêmes causes produisant les mêmes effets, mais continueront à exploiter ou faire exploiter l’hôtel », a déclaré Isabelle Monsenego, présidente de la SCI qui détient cet établissement, dans les colonnes de L’Informé. Pour rappel, en 2015, Stéphane Courbit, en tandem avec François Dubrule, reprenait l’exploitation de ce 4*, avant de la perdre en 2023 au profit d’Honotel. Depuis cette année-là, l’actif a été rebaptisé The Lake Hôtel Courchevel 1850.
Contacté, Stéphane Courbit n'avait pas répondu aux sollicitations à la publication de l'article.