L'hôtel de Jarnac au 8 Monsieur, Paris 7
C’est, indéniablement, un hôtel particulier des plus authentiques, doté de sa cour d’honneur de 300 mètres carrés et agrémenté d’un jardin de 400 mètres carrés – jouissant lui-même d’une vaste piscine. L’hôtel de Jarnac, qui ouvre sur le 8 rue Monsieur dans le 7e arrondissement de Paris, est remis en vente par son propriétaire actuel : le milliardaire ukrainien Kostyantin Zhevago. Profil bien connu de la justice, il s’était offert cette pépite architecturale de 1 121 mètres carrés le 11 août 2022, moyennant 35,5 M€, soit plus de 31 500 €/m2. Plus de deux ans et demi plus tard, cet actif à rénover entièrement revient sur le marché avec un prix annoncé de 60 M€ frais d’agences inclus, soit 68 000 € FAI/m2 – après un premier process infructueux où il était présenté à 46,8 M€ FAI. Par l'intermédiaire de son avocate, Kostyantin Zhevago nie la mise en vente de son hôtel particulier*, malgré les documents consultés par CFNEWS IMMO.
Un style néoclassique
L'intérieur de l'hôtel de Jarnac au 8 Monsieur, Paris 7
L’hôtel de Jarnac a été élevé en 1784 dans un style néoclassique. Le bâtiment principal étend ses trois étages dotés de trois suites et de trois chambres, ainsi que de plusieurs pièces de réception. Mais il faut également compter un vaste sous-sol voûté qui accueille une cave à vin et des salles de loisirs, de même que deux pavillons supplémentaires autour de la cour de respectivement 80 et 85 mètres carrés. Colonnes, imposant portail, fronton en façade… : le 8 Monsieur enchaîne les éléments spectaculaires au fil de la visite. L’hôtel particulier a connu bon nombre de propriétaires notables au cours de ses près de 250 années d’existence, dont le comte de Villèle, la duchesse de Valençay, le comte Chevreau d’Antraigues ou encore la famille de chocolatiers Menier, qui l’a ensuite vendu à la famille Primat. Ce sont ces derniers qui ont eux-mêmes cédé l’actif au milliardaire ukrainien en 2022.
Un ukrainien qui apprécie la France
Kostyantin Zhevago
L’hôtel de Jarnac est donc aujourd’hui détenu par Kostyantin Zhevago, un ukrainien bien habitué des couleurs tricolores. Celui qui a quitté son pays en 2019 était poursuivi pour avoir détourné 113 M€ après la faillite de sa banque – Finance and Credit Group – en 2015. Également ancien député, il a été arrêté à Courchevel fin 2022 à la demande de la justice ukrainienne, qui réclamait alors son extradition : la justice française s’y est toutefois opposée quelques mois plus tard, justifiant sa décision par l’état de guerre frappant l’Ukraine. Également poursuivi au Royaume-Uni où est cotée sa société d’exportation de boulettes de minerai de fer Ferrexpo, il a pour l’instant gagné ses demandes de rejets de procès.
Voisin du roi du Bahreïn
L'hôtel de Bourbon-Condé, au 12 Monsieur à Paris 7 – résidence du roi du Bahreïn
Le 8 Monsieur jouxte l’ancien siège de la région Île-de-France, repris contre 176 M€ en février 2020 par AG2R La Mondiale – l’investisseur y a déployé une stratégie value-add, afin de créer des bureaux modernes et 112 logements sociaux. Mais, l’hôtel de Jarnac est surtout voisin de l’hôtel de Bourbon-Condé, un autre hôtel particulier de style néoclassique édifié au début des années 1780 sur demande de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé, par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart, connu pour avoir édifié l’ancien palais de la Bourse dans le 2e arrondissement de Paris. Propriété de quelque 3 000 mètres carrés de surface plancher dont 1 850 mètres carrés habitables, le 12 Monsieur était acheté 66 M€ (22 000 € HD/m2 plancher) en 2008 par le roi du Bahreïn Hamad ben Issa Al Khalifa et sa femme Sabika Al Khalifa, qui s’était elle-même déplacée lors de la signature de la vente – le vendeur de l'époque était alors la congrégation religieuse des sœurs du Cœur de Marie.
L’ambassade de Chine non loin
L'hôtel de Montesquiou (ambassade de Chine) en jaune, l'hôtel de Bourbon-Condé (roi du Bahreïn) en rouge et l'hôtel de Condé (Kostyantin Zhevago) en bleu
Un peu plus loin dans la rue, au 20 Monsieur, l’hôtel de Montesquiou est quant à lui la propriété de la Chine depuis fin 2011, qui y a établi son ambassade en France. Une enveloppe de 169,6 M€ (18 000 €/m2 utiles) était alors débloquée auprès d’investisseurs russes qui se l’offraient pour leur part en 2008 pour 147 M€. Offrant 9 423 mètres carrés utiles, cet ensemble se compose d’un hôtel particulier en milieu de parcelle, abrité par un vaste immeuble qui suit le linéaire de la rue. Qu’il s’agisse des hôtels de Montesquiou ou de Bourbon-Condé, ils profitent tous les deux de grands jardins – de respectivement 5 430 m2 (avec la cour d'honneur également) et 2 900 m2 – ouvrant directement sur le boulevard des Invalides. Les jardins de l’hôtel de Jarnac ne vont pas si loin, puisque le presbytère de Saint-François-Xavier occupe la partie donnant sur le dit boulevard des Invalides.
Des ventes qui s'enchaînent
La piscine du 23 rue de Constantine.
Remis sur le marché au T1 2025, l'hôtel de Jarnac peut surfer sur plusieurs deals déjà signés ou bien enclenchés dans les hôtels particuliers du 7e arrondissement de Paris, pour un total de plus de 200 M€ (voir notre article complet ci-dessous). Il en va ainsi du 7 Cité de Varenne qui s'est échangé le 16 décembre dernier pour 58 M€ au profit d'Alexandre Arnault (Moët-Hennessy), alors que le 83 Grenelle a rejoint le patrimoine de Bernard Arnault (LVMH) moyennant 95 M€ au profit de la famille Seydoux (Pathé-Gaumont). Le 23 Constantine est pour sa part ciblé par le chanteur Pharrell Williams – embauché comme directeur créatif homme par Louis Vuitton en 2023 –, même si le financement de l'acquisition pourrait passer par des tiers. D'autres bâtiments résidentiels très hauts de gamme continuent en parallèle de nourrir le marché, sur lesquels CFNEWS IMMO reviendra prochainement.
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