
Le 114 rue de Grenelle, Paris 7. © Google Maps
Trois offres au prix des vendeurs et un acquéreur choisi en une heure : tel est le scénario qui s’est joué au 114 rue Grenelle, dans le 7e arrondissement de la capitale, dans la seconde moitié du millésime 2024. Selon nos sources, cet immeuble parisien rincé à dominante résidentielle (> 1 200 m2) – regardé par plusieurs investisseurs, dont un fonds value-add – a basculé off market dans la collection real estate de Xavier Niel. Le businessman et milliardaire français valorise cette adresse contre quelque 12 500 €/m2, soit un ticket global de 15 M€. Le fondateur d’Iliad et actionnaire à titre individuel du groupe de presse Le Monde n’est pas totalement inconnu rue de Grenelle. Sur cette artère – qui court du quartier Saint-Germain-des-Prés au Champ-de-Mars, un secteur très prisé par des résidents de l’univers du luxe –, Xavier Niel s'est emparé du numéro 87, célèbre pour avoir été la résidence du couturier Hubert de Givenchy pendant trois décennies. En 2018, le serial entrepreneur posait ses bagages dans l’hôtel de Bauffremont, anciennement hôtel d'Orrouer (XVIIIe siècle) ayant abrité à deux reprises l’ambassade d’Autriche, moyennant près de 95 M€.
Une vente de Coignet IM, associé à deux ex-Primonial
Le 114 rue de Grenelle est cédé par un véhicule dédié, géré par Coignet IM. Les associés de l’opérateur immobilier indépendant ont porté le projet à hauteur de 50 %, aux côtés de deux anciens noms bien connus de Primonial (renommé Præmia au cœur de l’été 2024). Il s’agit tout d’abord d’André Camo, président du groupe Primonial jusqu’en 2017 – puis président d’honneur –, qui intervient via sa holding AC Pro à hauteur de 30 %. Vient ensuite Grégory Frapet, président du directoire de Primonial REIM entre 2018 et début 2024 – il a dès lors été remplacé par Marc Bertrand –, qui intervient pour sa part via sa holding Paloma à hauteur de 20 %. Ces partenaires faisaient initialement l’acquisition du 114 Grenelle il y a moins d’un an, en juin/juillet 2024, auprès d’une indivision.
Un serial entrepreneur friand des hôtels particuliers
Pour le millésime 2022, Xavier Niel s’offrait une nouvelle pépite, l’hôtel Lambert. Il avait mis sur cet hôtel particulier – l’un des plus remarquables de la capitale – pour 200 M€ (50 000 €/m2) consentis auprès de la famille princière du Qatar, qui le détenait depuis 2007. Passé, sous l’Ancien Régime, entre les mains de Madame de Fontaine – qui y tenait un salon littéraire auquel participaient notamment Voltaire, Marivaux, Montesquieu ou Rousseau –, de la marquise du Châtelet et d’un ministre de Napoléon, l’hôtel Lambert a été très lié à l’histoire de la Pologne entre le XIXe et le XXe siècle. Acquis par la princesse Czartoryska, il reste dans le giron de cette famille politique polonaise, exilée suite à l’insurrection de 1830-1831, jusqu’en 1975. À cette date, Guy de Rothschild devient propriétaire de l’hôtel particulier, jusqu’à ce que ses fils David (co-fondateur de Rothschild & Cie) et Édouard ne le revendent, à sa mort en 2007, au frère de l’émir du Qatar pour 60 M€. Si le milliardaire français détient également l’hôtel de Coulanges (31,5 M€) place des Vosges, en 2022, il a notamment jeté son dévolu sur le 25 Malesherbes – un immeuble mixte élevé entre Madeleine et Saint-Augustin, dans le 8e arrondissement de Paris. Cédé par les héritiers de la famille Muron, qui le détenaient depuis 160 ans, cet ensemble de 2 100 mètres carrés s’était valorisé 45 M€.








